<70>du prince Frédéric. Il n'y a que la santé qui me manque; sans cela je travaillerais bien à mériter vos bontés; mais peu de génie et peu de santé, cela fait un pauvre homme.
Je suis avec un profond respect, etc.
23. DU MÊME.
(Cirey) mai 1737.
J'ai reçu la lettre du prince philosophe, et j'apprends qu'il y a un gros paquet pour moi entre les mains du sieur Du Breuil-Tronchin, à Amsterdam. Ce paquet est probablement la seconde partie de la Métaphysique; tout est de votre ressort, prince inimitable. Je suis avec V. A. R. comme un cercle infiniment petit, concentrique à un cercle infiniment grand; toutes les lignes du cercle infiniment grand vont trouver le centre du pauvre infiniment petit; mais quelle différence de leur circonférence! J'aime tout ce que votre génie aime; mais je touche à peine ce que vous embrassez. Je vois non seulement le protecteur de Wolff, mais une intelligence égale à lui. Je vais oser parler à cette intelligence.
Vous me faites l'honneur de me dire qu'un être tel que l'homme ne saurait être fini et infini à la fois, et que cela impliquerait contradiction. Il est vrai qu'il ne saurait être fini et infini dans le même sens; mais il peut être fini physiquement, et être divisible à l'infini géométriquement. Cette division à l'infini n'est autre chose que l'impossibilité d'assigner un dernier point indivisible; et cette impuissance est ce que les hommes appellent infini en petit, de même que l'impuissance d'assigner les bornes de l'étendue est ce que nous appelons l'infini en grand.
Par exemple, soit une unité : 1 est fini; mais prenez 1/29 1/49 1/89 1/16, etc., vous n'épuiserez jamais cette série. Il est pourtant vrai que cette série, une moitié, un quart, un huitième, un seizième, prise tout entière, est égale à cette unité. Voilà, je crois, tout le secret de l'infini en petit.
De même, prenez tout d'un coup l'infini en grand; il est cer-