<88>Quant à l'amitié, je vous prie de me croire constant, me déterminant difficilement à donner mon cœur, mais faisant des choix à ne me repentir jamais. Je suis avec l'estime que vous méritez plus que qui que ce soit, monsieur, etc.
27. AU MÊME.
Remusberg, 27 août 1787.
Monsieur, Césarion m'a transporté en esprit à Cirey. Il m'en fait une description charmante; et ce qui me ravit au possible, c'est qu'il m'assure que vous surpassez de beaucoup la haute idée que je m'étais faite de vous.
Il semble que la maladie vous tienne tous les deux, pour que le pauvre Césarion ne goûte pas des plaisirs parfaits dans cette vie. Votre fièvre me fournit l'occasion de vous parler sur un sujet qui m'intéresse beaucoup; c'est votre santé. Je vous prie très-instamment de ne pas trop travailler; les études et les travaux de l'esprit minent infiniment la santé du corps. Vous devez vous conserver, mon amitié vous y oblige.
Je compte pour un des plus grands bonheurs de ma vie d'être né contemporain d'un homme d'un mérite aussi distingué que le vôtre; mais mon bonheur ne peut être parfait, si je ne vous possède, et si je n'ai la satisfaction de vous voir un jour. Vous m'envoyez vos ouvrages; ils n'ont point de prix, et ne mettent aucune borne à ma reconnaissance. Je vous prie, monsieur, de marquer à la divine Émilie toute l'estime que j'ai pour elle; je suis pénétré de la façon dont elle a reçu mon petit plénipotentiaire. Vous avez été tous les deux dignes de mon admiration, mais à présent vous m'enlevez le cœur.
Si j'étais envieux, je le serais de Césarion. Je supporterais volontiers sa goutte, pour avoir vu et entendu ce qu'il vient de voir et d'entendre.
L'antiquité, en nous vantant ces merveilles du monde, nous