<19>prépare à partir, sous peu de jours, pour le pays de Clèves.b C'est là que
J'entendrai donc les sons de la lyre d'Orphée;
Je verrai ces savantes mains
Qui, par des ouvrages divins,
Aux cieux des immortels placent votre trophée.
J'admirerai ces yeux si clairs et si perçants,
Que les secrets de la nature,
Cachés dans une nuit obscure,
N'ont pu se dérober à leurs regards puissants.
Je baiserai cent fois cette bouche éloquente
Dans le sérieux et le badin,
Dont la voix folâtre et touchante
Va du cothurne au brodequin,
Toujours enchanteresse et toujours plus charmante.
Enfin je me fais une véritable joie de voir l'homme du monde entier que j'aime et que j'estime le plus.
Pardonnez mes lapsus calami et mes autres fautes. Je ne suis pas encore dans une assiette tranquille; il me faut expédier mon voyage, après quoi j'espère trouver du temps pour moi.
Adieu, charmant, divin Voltaire; n'oubliez pas les pauvres mortels de Berlin qui vont faire diligence pour joindre dans peu les dieux de Cirey. Vale.
134. AU MÊME.
Berlin, 5 août 1740.
Mon cher Voltaire, j'ai reçu trois de vos lettres dans un jour de trouble, de cérémonie et d'ennui. Je vous en suis infiniment obligé. Tout ce que je puis vous répondre à présent, c'est que je remets le Machiavel à votre disposition, et je ne doute point que
b Frédéric partit de Potsdam le 15 août.