<190>point de roi qui sente ce mérite comme V. M., j'ajoute qu'il y a aussi peu de connaisseurs à Paris qui aient plus de goût, et aucun auteur qui ait plus d'imagination.
Votre Apologie des rois a un autre mérite que celui de l'imagination; elle a la profondeur, la vérité et la nouveauté.
J'étais occupé à corriger une ancienne Épître sur légalité des conditions, et je faisais quelques vers précisément sur le même sujet, lorsque j'ai reçu votre Épître à Darget. J'effleurais en passant ce que vous approfondissez.
V. M. a bien raison de dire que je ne trouverai ni clinquant ni crème fouettée dans cet ouvrage. C'est le chef-d'œuvre de la raison. Elle est remplie d'images vraies et bien peintes. Ne me dites pas, Sire, que je vous parle en courtisan; quand il s'agit de vers, je ne connais personne. Je révère, comme je le dois, Frédéric le Grand, qui a délivré son royaume des procureurs, et qui a donné la paix dans Dresde; mais je parle ici à mon confrère en Apollon.
Je ne suis pas sévère sur la rime, mais je ne peux passer la rime d'ennuis et soucis.
On ne se sert du mot desservir que pour une chapelle, un bénéfice. On ne l'emploie pas même pour la messe; car on dit servir la messe, et non pas desservir; ainsi,
............ Les différents emplois
Qui desservent la cour, les finances, les lois,
est une expression vicieuse; mais elle est aisée à corriger.
Et lorsque dans les fers on pense l'enchaîner,
Il s'échappe, et revient hardiment vous braver.
Braver et enchaîner ne riment pas. Il faudrait captiver. Enchaîner dans les fers est un pléonasme; enchaîner seul suffit.
On ne dit point faire l'or; on dit faire de l'or, comme on dit cuire du pain, faire du velours, bâtir des maison, et non cuire les pain, faire le velours, bâtir du maison, à moins que ce les ne se rapporte à quelque chose qui précède ou qui suit. D'ailleurs, en vers, il y a toujours plus de mérite à faire entendre les choses connues qu'à les nommer. Molière, par exemple, dans le style