<196>de la Crusca a repris beaucoup de fautes dans le Tasse; mais elle avoue qu'en général le style du Tasse est fort bon.
Je ne parlerai ici de moi que par rapport à mes fautes. J'en ai laissé échapper beaucoup de ce genre, et je les corrige toutes. Car actuellement je m'occupe à revoir toute l'édition de Dresde. Je change souvent des pages entières, afin de n'être pas indigne du siècle dans lequel vous vivez.
J'ai eu, en dernier lieu, une attention scrupuleuse à écrire correctement ma dernière tragédie. Cependant, après l'avoir revue avec sévérité, j'avais encore laissé trois fautes considérables contre la langue, que l'abbé d'Olivet m'a fait corriger.
La difficulté d'écrire purement dans notre langue ne doit pas vous rebuter. Vous êtes parvenu, Sire, au point où beaucoup d'habitants de Versailles ne parviendront jamais. Il vous reste peu de pas à faire. Vous avez arraché les épines, il ne vous coûtera guère de cueillir les roses; et votre puissant génie triomphe des petits détails comme des grandes choses. Mais j'ai bien peur que vous n'alliez cueillir des lauriers aux dépens des Russes, au lieu de cultiver en paix ceux du Parnasse. V. M. ne m'a point envoyé l'Épître à M. Algarotti. Je crois qu'à la place on a mis dans le paquet une seconde copie de celle à M. Darget.
Je me mets aux pieds de V. M.
234. DU MÊME.
Paris, 15 mai 1749.
J'aurai l'honneur d'être purgé
De la main royale et chérie
Qu'on vit, bravant le préjugé,
Saigner l'Autriche et la Hongrie.
Grand prince, je vous remercie
Des salutaires petits grains
Qu'avec des vers un peu malins
Me départ votre courtoisie.