<204>taires et fera des commentaires sur les campagnes du grand Turenne, et je composerai un traité sur la vérité de la religion chrétienne.
Votre Académie devient plaisante dans ses choix : ces juges de la langue française vont abandonner Vaugelas pour le bréviaire;b cela paraît un peu singulier aux étrangers.
Enfin donc votre Académie
Va faire un couvent de dévots;
L'art de penser et le génie
En sont exclus par les cagots.
Qui veut le suffrage et l'estime
De ces quarante perroquets
N'a qu'à savoir son catéchisme,
Au demeurant point de français.
Dans cette cohue indocile,
Apollon et les doctes Sœurs
N'honoreront de leurs faveurs
Que Richelieu, vous et Belle-Isle.
Vous êtes, mon cher Voltaire, comme les mauvais chrétiens; vous renvoyez votre conversion d'un jour à l'autre. Après m'avoir donné des espérances pour l'été, vous me remettez à l'automne. Apparemment qu'Apollon, comme dieu de la médecine, vous ordonne de présider aux couches de madame du Châtelet. Le nom sacré de l'amitié m'impose silence, et je me contente de ce qu'on me promet.
Je corrige à présent une douzaine d'épîtres que j'ai faites, et quelques petites pièces, afin qu'à votre arrivée vous y trouviez un peu moins de fautes.
Vous pouvez voir, par l'argument de mon poëme, quel en est le sujet. Le fond de l'histoire est vrai : Darget, alors secrétaire de Valori, fut enlevé de nuit, par un partisan autrichien, dans une chambre voisine de celle où couchait son maître. La surprise de Franquini fut extrême quand il s'aperçut qu'il tenait le secrétaire au lieu de l'ambassadeur. Tout ce qui entre d'ailleurs dans ce poëme n'est que fiction. Vous le verrez ici, car il n'est pas fait
b L. c., p. 158.