« <217>digne de la bonté de V. M. de faire cesser ce bruit, en appelant à votre cour un homme qui m'aime et qui vous adore, et en l'honorant d'une marque de votre protection. »
Mais, au lieu de lire attentivement l'endroit de ma lettre à V. M. où je le citais, au lieu de prendre cette occasion de m'appeler auprès de vous, il me fait un quiproquo où l'on n'entend rien. Il me parle de libelles, de querelles d'auteur; il dit que je me suis plaint à V. M. qu'il ait dit de moi des choses injurieuses; en un mot, il se trompe, et il me gronde, et il a tort; car il sait bien que je vous ai dit dans ma lettre que je l'aime de tout mon cœur.
Mais vous, Sire, avez-vous raison avec moi? Vous êtes un très-grand roi; vous avez donné la paix dans Dresde; votre nom sera grand dans tous les siècles; mais toute votre gloire et toute votre puissance ne vous mettent pas en droit d'affliger un cœur qui est tout à vous. Quand je me porterais aussi bien que je me porte mal, quand je serais à dix lieues de vos États, je ne ferais pas un pas pour aller à la cour d'un grand homme qui ne m'aimerait point, et qui ne m'enverrait chercher que comme un souverain. Mais si vous me connaissiez, et si vous aviez pour moi une vraie bonté, j'irais me mettre à vos pieds à Pékin. Je suis sensible, Sire, et je ne suis que cela. J'ai peut-être deux jours à vivre, je les passerai à vous admirer, mais à déplorer l'injustice que vous faites à une âme qui était si dévouée à la vôtre, et qui vous aime toujours comme M. de Fénelon aimait Dieu, pour lui-même. Il ne faut pas que Dieu rebute celui qui lui offre un encens si rare.
Croyez encore, s'il vous plaît, que je n'ai pas besoin de petites vanités, et que je ne cherchais que vous seul.