<264>nait cette aventure de sa bouche. C'est l'unique fois que je lui aie parlé, et l'unique ministre que j'aie vu, et je peux assurer V. M. que je n'en verrai aucun en particulier.
Pardonnez-moi si je vous ai présenté des lettres de madame de Bentinck. Je ne vous en présenterai plus.
A l'égard de la société, j'ose dire, Sire, que je ne crois pas y avoir mis la moindre apparence d'aigreur ni de trouble. S'il y avait même quelqu'un dont je pusse avoir à me plaindre, je jure à V. M. que tout serait oublié dans un instant, et que le bonheur d'être dans vos bonnes grâces me rendrait agréables ceux même qui, étant mal instruits de l'affaire du juif, auraient trop pris parti contre moi. Je ne crois pas qu'il puisse être revenu à V. M. que j'aie jamais dit un seul mot qui ait pu déplaire à personne. Daignez être très-sûr que jamais je ne mettrai même la moindre froideur dans le commerce avec aucun de ceux qui vous approchent; et sur cela je n'aurai pas à me vaincre.
Pour le juif, daignez, Sire, vous informer des juges s'il y a un homme plus inique et de plus mauvaise foi sur la terre. Il refuse, tout condamné qu'il est, les mille écus que je lui offre de gagner. Mais cela ne m'empêchera pas de profiter de la grâce que V. M. daigne me faire, et d'habiter la maison près de Potsdam, dont V. M. est encore suppliée de me laisser la jouissance jusqu'au printemps. Je sacrifierai tout pour venir goûter le repos auprès du séjour que vous rendez si célèbre par tout ce que vous y faites. Daignez me laisser espérer que je verrai vos dernières productions. Il n'y a point pour moi de consolation plus chère. Vous ne pouvez pas assurément douter, Sire, que je ne sois tendrement attaché à votre personne, et j'ose dire que je le suis à un point, que j'espère que V. M. me pardonnera tout.