<280>vieille ode, mais ce n'est pas la peine de vous l'envoyer. Le cher Isaac a voyagé comme une tortue très-lente. Je crois que votre gros duc de Chevreuse, qui sûrement n'a pas la taille d'un coureur, aurait fait à pied, et plus vite que le sieur Isaac avec six chevaux, le chemin de Paris à Berlin. Mais à cela ne tienne; je suis bien aise de le revoir; il faut prendre les hommes comme ils sont. Le ciel a voulu que d'Argens fût fait ainsi; il n'est pas en son pouvoir de se refondre.
Je ne vous rends aucun compte de mes occupations, parce que ce sont des choses dont vous vous souciez très-peu. Des camps, des soldats, des forteresses, des finances, des procès, sont de tout pays : toutes les gazettes ne sont remplies que de ces misères. Je compte vous revoir le 16, et je vous souhaite santé, tranquillité et contentement. Adieu.
292. DE VOLTAIRE.
(1751.)
Marc-Aurèle autrefois disait
Des choses dignes de mémoire;
Tous les jours même il en faisait,
Et sans jamais s'en faire accroire.
Certain amateur de sa gloire
Un jour à souper lui parlait
D'un des beaux traits de son histoire.
Mais qu'arriva-t-il?
Le héros N'écouta qu'avec répugnance.
Il se tut, et ce beau silence
Fut encore un de ses bons mots.
Pardonnez, Sire, à des cœurs qui sont pleins de vous. J'ose, pour me justifier, supplier V. M. de daigner seulement jeter un coup d'œil sur les lignes marquées par un tiret de cette lettre de M. de Chauvelin, neveu du fameux garde des sceaux. Ne soyez fâché ni contre lui, qui m'écrit de l'abondance du cœur, ni contre moi, qui ai la témérité de vous envoyer sa lettre. Il faut bien,