<287>mérite que vous daigniez m'instruire de ma faute, si j'en ai fait une; et, si je n'en ai pas commis, je demande justice à votre cœur.
Vous savez qu'un mot de votre bouche est un coup mortel. Tout le monde dit, chez la Reine-mère, que je suis dans votre disgrâce. Un tel état décourage et flétrit l'âme, et la crainte de déplaire ôte tous les moyens de plaire. Daignez me rassurer contre la défiance de moi-même, et ayez du moins pitié d'un homme que vous avez promis de rendre heureux.
Vous avez dans le cœur les sentiments d'humanité que vous mettez dans vos beaux ouvrages. Je réclame cette bonté, afin que je puisse paraître devant V. M. avec confiance, dès que mes maux le permettront. Soyez sûr que, soit que je meure ou que je vive, vous serez convaincu que je n'étais pas indigne de vous, et que, en me donnant à V. M., je n'avais cherché que votre personne.
303. DU MÊME.
(Février 1752).
Sire, je mets aux pieds de Votre Majesté un ouvrage que j'ai composé en partie dans votre maison, et je lui en présente les prémices longtemps avant qu'il soit publié. V. M. est bien persuadée que, dès que ma malheureuse santé me le permettra, je viendrai à Potsdam sous son bon plaisir.
Je suis bien loin d'être dans le cas d'un de vos bons mots, qu'on vous demande la permission d'être malade. J'aspire à la seule permission de VOUS voir et de vous entendre. Vous savez que c'est ma seule consolation, et le seul motif qui m'a fait renoncer à ma patrie, à mon roi, à mes charges, à ma famille, à des amis de quarante années; je ne me suis laissé de ressource que dans vos promesses sacrées, qui me soutiennent contre la crainte de vous déplaire.
Comme on a mandé à Paris que j'étais dans votre disgrâce, j'ose vous supplier très-instamment de daigner me dire si je vous