<64>Mon roi protégera l'Empire,
Et sera l'arbitre du Nord;
Et qui saura braver la mort
Sait aussi braver la satire.
Sire, de V. M. le très-humble et très-obéissant serviteur.
P. S. Oserai-je supplier V. M. de me faire envoyer un exemplaire du manifeste imprimé de ses droits sur la Silésie?
162. DU MÊME.
Bruxelles, 25 mars 1741.
A moi, Gresset! soutiens de ta lyre éclatante
Les sons déjà cassés de ma voix tremblotante;
Envoie en Silésie un perroquet nouveau,
Qui vole vers mon prince aux murs du grand Glogau.
Un oiseau plus fameux et plus plein de merveilles,
Qui possède cent yeux, cent langues, cent oreilles,
Le courrier des héros déjà dans l'univers
A prévenu tes chants, a devancé mes vers;
La Renommée avance, et sa trompette efface
La voix du perroquet qui gazouille au Parnasse.
On l'entend en tous lieux, cette fatale voix
Qui déjà sur le trône étonne tous les rois.
« Du sein de l'indolence éveillez-vous, dit-elle;
Monarques, paraissez, Frédéric vous appelle;
Voyez, il a couvert, au milieu des hasards,
Les lauriers d'Apollon du casque du dieu Mars.
Sa main, dans tous les temps noblement occupée,
Tient la lyre d'Achille et porte son épée;
Il pouvait mieux que vous, dans un loisir heureux,
Cultiver les beaux-arts et caresser les jeux;
Sans sortir de sa cour il eût trouvé la gloire,
Le repos eut encore ennobli sa mémoire.
Mais des bords du Permesse il s'élance aux combats,
Il brave les saisons, il cherche le trépas;