<80>A l'ombre de nos étendards
Laissant reposer le fier Mars,
Nous jouirons, comme Epicure,
De la volupté la plus pure,
En laissant aux savants bavards
Leur physique et métaphysique,
A messieurs de la mécanique
Leur mouvement perpétuel,
Au calculateur éternel
Sa fluxion géométrique,
Au dieu d'Épidaure empirique
Son grand remède universel,
A tout fourbe, à tout politique,
Son scélérat Machiavel,
A tout chrétien apostolique
Jésus et le péché mortel,
En nous réservant pour partage
Des biens de ce monde l'usage,
L'honneur, l'esprit et le bon sens,
Le plaisir et les agréments.
Jordan traduit son auteur anglais avec la même fidélité que les Septante translatèrent la Bible. Je crois l'ouvrage bientôt achevé. Il y a tant de bonnes choses à dire contre la religion, que je m'étonne qu'elles ne viennent pas dans l'esprit de tout le monde; mais les hommes ne sont pas faits pour la vérité. Je les regarde comme une horde de cerfs dans le parc d'un grand seigneur, et qui n'ont d'autre fonction que de peupler et remplir l'enclos.
Je crois que nous nous battrons bientôt; c'est œuvre assez folle, mais que voulez-vous? il faut être quelquefois fou dans sa vie.
Adieu, cher Voltaire. Écrivez-moi plus souvent; mais surtout ne vous fâchez pas si je n'ai pas le temps de vous répondre. Vous connaissez mes sentiments.