<84>tique; un gazetier fait votre satire; les voisins vous déchirent; un chacun vous donne au diable, en vous accablant de protestations d'amitié. Voilà le monde, et telles sont, en gros, les matières qui m'occupent.
Avez-vous envie de troquer la poésie pour la politique? La seule ressemblance qui se trouve entre l'une et l'autre est que les politiques et les poëtes sont le jouet du public, et l'objet de la satire de leurs confrères.
Je pars après-demain pour Remusberg reprendre la houlette et la lyre, veuille le ciel, pour ne les quitter jamais! Je vous écrirai de cette douce solitude avec plus de tranquillité d'esprit. Peut-être Calliope m'inspirera-t-elle encore. Je suis tout à vous.
175. AU MÊME.
Olmütz. 3 février 1742.
Mon cher Voltaire, le démon qui m'a promené jusqu'à présent m'a mené à Olmütz pour redresser les affaires que les autres alliés ont embrouillées, dit-on. Je ne sais ce qui en sera; mais je sais que mon étoile est trop errante. Que pouvez-vous prétendre d'une cervelle où il n'y a que du foin, de l'avoine, et de la paille hachée? Je crois que je ne rimerai à présent qu'en oin et en oine.
Laissez calmer cette tempête;
Attendez qu'à Berlin, sur les débris de Mars,
La paix ramène les beaux-arts.
Pour faire enfler les sons de ma tendre musette.
Il faut que la fin des hasards
Impose le silence au bruit de la trompette.
Je vous renvoie bien loin peut-être; cependant il n'y a rien à faire à présent, et d'un mauvais payeur il faut prendre ce qu'on peut.
Je lis maintenant, ou plutôt je dévore votre Siècle de Louis le Grand. Si vous m'aimez, envoyez-moi ce que vous avez fait