<89>ou europaine,a s'assemble pour rendre tous les monarques modérés et contents, V. M. m'ordonne de lui envoyer ce que j'ai fait depuis peu du Siècle de Louis XIV; car elle a le temps de lire quand les autres hommes n'ont point de temps. Je fais venir mes papiers de Bruxelles; je les ferai transcrire pour obéir aux ordres de V. M. Elle verra peut-être que j'embrasse un trop grand terrain; mais je travaillais principalement pour elle, et j'ai jugé que la sphère du monde n'était pas trop grande.a J'aurai donc l'honneur, Sire, d'envoyer dans un mois à V. M. un énorme paquet qui la trouvera au milieu de quelque bataille, ou dans une tranchée. Je ne sais si vous êtes plus heureux dans tout ce fracas de gloire que vous l'étiez dans cette douce retraite de Remusberg.
Cependant, grand roi, je vous aime
Tout autant que je vous aimais
Lorsque vous étiez renfermé
Dans Remusberg et dans vous-même;
Lorsque vous borniez vos exploits
A combattre avec éloquence
L'erreur, les vices, l'ignorance,
Avant de combattre des rois.
Recevez, Sire, avec votre bonté ordinaire, mon profond respect, et l'assurance de cette vénération qui ne finira jamais, et de cette tendresse qui ne finira que quand vous ne m'aimerez plus.
a Voltaire écrivait européan; l'abbé de Saint-Pierre, europain, p. e. dans ses Réflexions sur l'Antimachiavel de 1740. A Rotterdam, 1741. Il y parle, p. 30, de « l'établissement de cet arbitrage europain, » et donne, p. 33-37, « les cinq articles fondamentaux de la diète europaine proposée par Henri quatrième. » C'est ce dernier endroit que Voltaire rappelle ici.
a Voltaire fait allusion à son Essai sur les révolutions du monde, plus connu sous le titre d'Essai sur les mœurs et l'esprit des nations.