<133>taine. Les moines une fois abolis, l'erreur est exposée au mépris universel. On écrit beaucoup en France sur cette matière; tout le monde en parle. Les bénédictins eux-mêmes ont été si honteux de porter une robe couverte d'opprobre, qu'ils ont présenté une requête au roi de France pour être sécularisés; mais on n'a pas cru cette grande affaire assez mûre; on n'est pas assez hardi en France, et les dévots ont encore du crédit.
Voici un petit imprimé qui m'est tombé sous la main;a il n'est pas long, mais il dit beaucoup. Il faut attaquer le monstre par les oreilles comme à la gorge.
J'ai chez moi un jeune homme, nommé M. de La Harpe, qui cultive les lettres avec succès. Il a fait une Épître d'un moine au fondateur de la Trappe, qui me paraît excellente. J'aurai l'honneur de l'envoyer à V. M. par le premier ordinaire. Je ne crois pas qu'on le condamne à être disloqué et brûlé à petit feu comme cet infortuné qui est à Wésel, et que je sais être un très-bon sujet. Je remercie V. M., au nom de la raison et de la bienfaisance, de la protection qu'elle accorde à cette victime du fanatisme de nos druides.
Les Scythes sont un ouvrage fort médiocre. Ce sont plutôt les petits cantons suisses et un marquis français que les Scythes et un prince persan. Thieriot aura l'honneur d'envoyer de Paris cette rap-sodie à V. M.
Je suis toujours fâché de mourir hors de vos États. Que V. M. daigne me conserver quelque souvenir pour ma consolation.
a L'Anecdote sur Bélisaire, par Voltaire lui-même. Voyez ses Œuvres, t. XLII, p. 624 à 631.