<225>Et l'Anglais, profond raisonneur,
A creusé la philosophie.
Vous accordez à votre Germanie,
Dans une sombre étude, une heureuse lenteur;
Mais à son esprit inventeur
Vous devez deux présents qui vous ont fait honneur.
Les canons et l'imprimerie.
Avouez que par ces deux arts,
Sur les bords du Permesse et dans les champs de Mars,
Votre gloire fut bien servie.

J'ajouterai que c'est à Thorn que Copernic trouva le vrai système du monde, que l'astronome Hévélius était de Danzig, et que par conséquent Thorn et Danzig doivent vous appartenir.a V. M. aura la générosité de nous envoyer du blé par la Vistule, quand, à force d'écrire sur l'économie, nous n'aurons au lieu de pain que des opéras-comiques, ce qui nous est arrivé ces dernières années.

C'est parce que les Turcs ont de très-bons blés, et point de beaux-arts, que je voulais vous voir partager la Turquie avec vos deux associés. Cela ne serait peut-être pas si difficile, et il serait assez beau de terminer là votre brillante carrière; car, tout Suisse que je suis, je ne désire pas que vous preniez la France.

On prétend que c'est vous, Sire, qui avez imaginé le partage de la Pologne, et je le crois, parce qu'il y a là du génie, et que le traité s'est fait à Potsdam.

Toute l'Europe prétend que le grand Grégoirea est mal avec mon impératrice. Je souhaite que ce ne soit qu'un jeu. Je n'aime point les ruptures; mais enfin, puisque je finis mes jours loin de Berlin, où je voulais mourir, je crois qu'on peut se séparer de l'objet d'une grande passion.

Ce que V. M. daigne me dire à la fin de sa lettre m'a fait presque verser des larmes. Je suis tel que j'étais quand vous permettiez que je passasse, à souper, des heures délicieuses à écouter le modèle des héros et de la bonne compagnie. Je meurs


a Voyez t. XXI, p. 219.

a Le comte Grégoire Orloff.