<118>rait s'arranger. Mes chevaux étaient commandés; mais Nugent, au lieu de répondre à la commission qu'on lui avait donnée, se borna à envoyer l'itinéraire de l'Empereur, par lequel il était marqué qu'il ne s'arrêterait nulle part. J'ai pris cette réponse sèche pour un refus, et je me le suis tenu pour dit. Voilà, madame, comment une certaine fatalité se joue de tous nos desseins. Nous sommes les marionnettes de la Providence, qui va son train, en se moquant de notre vaine sagesse.c J'en ai la conscience nette, et je me borne à l'estime que je ne puis refuser aux grandes qualités de l'Empereur, sans prétendre à le connaître personnellement. Je ne vous aurais pas fait ce petit détail, madame, si je n'avais cru devoir me confesser à vous, comme au directeur de ma conscience, et que je suis persuadé que, au cas que cette entrevue eût eu lieu, vous ne l'auriez pas désapprouvée. Mais, quoi qu'il arrive, rien ne me fera changer les sentiments d'admiration et de la haute estime avec laquelle je suis, etc.
68. DE L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.
Dresde, 4 août 1766.
Sire,
Mon âme s'ouvre à l'amour-propre toutes les fois que je reçois de vos lettres. Il est bien flatteur d'être louée par celui qui a surtout le droit de distribuer les éloges, puisqu'il les réunit tous. V. M. m'encourage en m'enorgueillissant. J'ai besoin du secours de vos cajoleries pour me soutenir dans une correspondance dont mon esprit ne se tire pas aussi aisément que mon cœur. Tout le monde ne rassemble point comme vous, Sire, les agréments de l'un et les qualités de l'autre.
Rien ne m'est plus précieux que le témoignage que V. M. me donne de sa confiance par le détail dans lequel elle entre sur son
c Voyez t. X, p. 125-135.