<144>Que j'aime, Sire, à vous entendre célébrer les faits bienfaisants et paisibles des princes! Que ne vous doivent-ils point, lorsque vous en relevez si haut la gloire, vous qui avez tant fait de ces choses dont l'éclat frappe bien plus vivement les yeux de tout le monde! Pour moi, dans ma sphère, je ne puis rien de plus glorieux que de protéger les arts et les sciences; je marcherai ainsi sur vos traces, et je donnerai des preuves réelles de cette admiration avec laquelle je suis constamment, etc.
90. A L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.
1er novembre 1767.
Madame ma sœur,
Votre Altesse Royale juge trop favorablement de nos fêtes. Si j'étais dans le cas de lui en donner jamais, je serais fort embarrassé; je me représenterais, madame, le juge devant lequel j'aurais à comparaître; je ne cesserais de faire le triage des choses, et de fouiller dans l'arrière-cabinet de mon imagination, pour en tirer tout ce que je pourrais de mieux. Une idée agréable me vient flatter sur ce sujet : je vois, madame, que l'Électeur touche dans peu à sa majorité; je suppose qu'alors V. A. R. pourra passer quelque temps dans son douaire de Pretzsch; ce lieu se trouve dans le voisinage, et dès lors il n'y aurait plus d'impossibilité, madame, à vous donner des fêtes. Peut-être que cette idée vous paraîtra folle, de la dernière folie; en ce cas, madame, je vous supplie de la supprimer. Mais si elle ne vous effarouchait pas, je vous avoue que, quand même ce ne serait qu'une illusion, elle serait pour moi un songe agréable. Vous seriez reçue comme Minerve, comme la déesse des arts, comme une nouvelle Muse, à laquelle une illustre naissance ne nuit en rien.
Je me crois obligé de vous dire, madame, que notre Psyché s'est assez passablement acquittée de son rôle, sans que ses at-