<147>peut détruire. Je respecte trop votre modestie pour vous dire rien de personnel sur ce que je viens d'avancer; pour moi, j'en trouve l'application si simple, qu'elle me confirme dans mes sentiments. Votre indulgence ne veut point m'ôter l'espérance flatteuse qui règne en mon esprit, et vous m'ouvrez, madame, une perspective qui m'enchante. Que n'êtes-vous déjà à Pretzsch! Et pourquoi retarder le plus beau jour de ma vie? Mais votre sage tutelle fait tant de bien à la Saxe, que je ne dois pas regretter les moments que vous employez pour la félicité de ce peuple, pour des instants qui combleraient mes vœux. Les chrétiens ne parviennent au ciel, à ce que l'on prétend, qu'en redoublant de foi et de persévérance; voilà mon cas; j'espère, et je me résigne. Votre providence disposera de tout selon qu'elle le jugera le plus avantageux à mon salut. Avec ces sentiments, vous voyez, madame, qu'on ne peut joindre plus de soumission à une admiration plus sincère, et que rien ne peut vous enlever les hommages de celui qui sera à jamais, etc.

93. DE L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Dresde, 26 janvier 1768.



Sire,

Votre Majesté range ses arguments comme ses bataillons; il est difficile de leur résister, et, quelques objections qu'on pourrait faire contre l'application des premiers, je me rends à la conclusion qui m'assure de l'estime de V. M., c'est-à-dire de la chose du monde que j'ambitionne le plus. Mais parmi toutes les qualités que votre bonté me prête, vous oubliez, Sire, la seule que je suis sûre de posséder à un éminent degré : c'est l'admiration que j'ai pour les héros, non pas de l'espèce des Alexandre, qui, après avoir parcouru, le fer à la main, une partie de la terre habitable, pleuraient de ce qu'on ne pouvait tout conquérir; le