<184>connais une faiseuse de tapisserie qui serait fort glorieuse d'avoir meublé un petit coin d'un certain palais enchanté, élevé par le plus grand des génies. Elle aurait, en y travaillant, la satisfaction de songer toujours à l'endroit où son ouvrage serait placé, et à ce prince sublime, l'objet de son admiration éternelle et de sa haute considération. C'est avec ces sentiments que je ne cesserai d'être, etc.
120. DE LA MÊME.
Dresde, 13 décembre 1769.
Sire,
Bientôt, Sire, vous vous repentirez de la bonté que vous me témoignez. Il faut que V. M. apprenne à ses dépens que depuis Ève, qui, dit-on, abusa fort de la complaisance de notre père commun, ses descendantes sont toutes plus ou moins sujettes à ce défaut. Je ne sais, Sire, ce que vous eussiez fait, si vous eussiez été Adam; mais je sais bien que, pour quelque raison que ce fût, je ne voudrais rien vous proposer qui pût vous être désagréable. J'aurais hésité d'accompagner le comte de Bünau de cette recommandation, si V. M. ne m'en eût dit elle-même du bien, et si je connaissais moins la passion avec laquelle ce jeune homme désire la gloire de la servir. Il préférerait, sans doute, le parti des armes, si les fatigues y attachées étaient compatibles avec son tempérament peu robuste. Il souhaiterait obtenir la grâce de consacrer sa vie et son zèle au service de V. M., dans une carrière où ses forces égalassent sa bonne volonté. Je lui donne cette lettre, Sire, sans savoir au juste si je fais bien ou mal; mais cette occasion est trop favorable pour ne pas me rappeler aux bontés de V. M. et lui renouveler les sentiments de la haute admiration avec lesquels je suis, etc.