<199>vous me permettez l'espérance de vous revoir, je serai témoin oculaire de votre satisfaction, et je la partagerai avec vous. Je laisserai seulement écouler les mois d'été, que je sais V. M. occupée. Le temps des héros est si précieux, que, quand on veut leur en faire perdre, on doit au moins prendre celui dont la perte est la moins sensible aux hommes. Dès que je serai rassurée sur la crainte de vous importuner à contretemps, Sire, je n'écouterai plus que mon empressement de montrer à vos yeux l'admiration sans bornes et la haute estime avec lesquelles je serai toute ma vie, etc.

130. A L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Le 10 juin 1770.



Madame ma sœur,

Je demande des millions d'excuses à Votre Altesse Royale de n'avoir pas plus tôt répondu à son obligeante lettre; mais j'ai été, madame, en Poméranie, à Magdebourg, à Brunswic, et je ne suis de retour que depuis hier au soir. V. A. R. a trop d'indulgence pour mes rapsodies; elle se contente de la bonté de l'intention qui guidait la plume de l'auteur, et elle veut bien suppléer elle-même à la faiblesse de l'ouvrage; et cependant j'appréhende beaucoup que les choses iront leur train ordinaire, et que des réflexions superficielles, que ce petit ouvrage a pu occasionner, s'évanouiront bientôt, et se dissiperont par ces occupations frivoles pour lesquelles le public a tant d'inclination et d'attachement.

Je suis au comble de mes vœux par l'espérance que me donne V. A. R. de nous honorer de sa présence; vous faites à présent, madame, l'ornement et le plus beau lustre de nos princesses d'Allemagne. Je serai certainement excessivement flatté de vous posséder du moins pour un temps, de jouir de cette conversation aussi instructive que brillante, d'admirer ces talents que V. A. R.