<206>aux formalités, se borne à exprimer comme il peut les sentiments de son cœur. Mais comment les exprimer? Lorsqu'il s'agit de V. A. R., tous les termes sont trop faibles, et l'admiration qu'elle inspire manque de paroles pour se peindre. Je m'humilie devant ses talents supérieurs, j'applaudis à son grand et beau génie; mais, me confiant à sa bonté infinie, c'est à l'abri de cette protectrice que je vous prie, madame, d'agréer encore une fois les assurances de la reconnaissance inaltérable avec laquelle je suis à jamais, etc.
137. DE L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.
Dresde, 8 octobre 1770.
Sire,
J'ai donc encore vu Frédéric, et cet instant de bonheur a encore disparu! Que de réflexions sur la brièveté des plaisirs et sur la mutabilité des choses, s'il m'était permis de rendre à V. M. de l'ennui pour la satisfaction suprême dont elle m'a comblée! La première fois, Sire, que je vous vis au milieu de votre gloire, l'impression profonde qu'un aussi grand spectacle me laissa pouvait passer chez vous pour un saisissement de mon admiration, à laquelle jamais il ne s'était présenté un objet si frappant. J'avais vu des courtisans, des gardes, des palais et de la magnificence; ce que je n'avais pas vu, Sire, ce qu'on ne voit que chez V. M., c'est un souverain qui, loin de recevoir aucun lustre de l'éclat qui l'environne, en est au contraire la seule et l'unique source, le créateur du temple qu'il habite et qu'il pénètre de sa gloire, et non l'idole qu'encensent les hommes sur les autels qu'ils lui ont élevés. Pardonnez-moi l'image, Sire; je n'en sens que trop la faiblesse; mais tout est faible quand il s'agit d'exprimer les sentiments que V. M. fait éprouver. Je vous ai revu, Sire, je vous ai quitté encore aussi profondément frappée, et peut-être davantage, que lorsque je vous vis l'année dernière. C'est toujours le