<222>de Spa pouvaient m'entendre; si elles aimaient de mauvais vers comme les miens; si l'on pouvait les fléchir par des ex-voto, par de l'encens, par la promesse de temples, je n'épargnerais rien pour vous les rendre favorables. Que V. A. R. me permette d'employer pour elle cette strophe qu'Horace adresse à Virgile :

Cara nave, che porti teco
Un tesor che va in Atene,
Voglia il ciel che senza penar
Giunghi in porto senza penar.a

Je me trouve ici pour quelques jours chez mes parents, pour revoir une vieille et bonne sœur qui, je me flatte, aurait l'approbation de V. A. R., si elle avait l'avantage d'être connue de vous, madame. Je m'en retourne ensuite dans ma solitude, remplir mes devoirs et m'occuper de tout ce qui pourra contribuer à calmer les troubles de nos voisinages. Il est bien naturel, madame, que, après avoir tant vu répandre de sang, je m'emploie, autant que mes facultés le permettent, à trouver un terme à ces scènes tragiques. En attendant, mes vœux accompagneront V. A. R. dans toute sa route, surtout pendant le temps qu'elle se servira des eaux minérales. Pour peu que j'aie de crédit, soit dans l'Olympe, soit dans le Tartare, soit chez les naïades, soit auprès des saints, V. A. R. sera entièrement rétablie, et ne souffrira jamais aucune indisposition. Je suis, etc.

149. DE L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Spa, 1er août 1771.



Sire,

Depuis la lettre que Votre Majesté a bien voulu m'écrire de Salzthal, elle aura appris peut-être que la comtesse de Brehna, moins empressée d'arriver à Aix-la-Chapelle qu'elle ne l'a été de voler


a Horace, Odes, liv. I, ode 3. Voyez t. XIX, p. 236, et t. XXI, p. 73.