<241>pour l'attachement, et de la surpasser même par les sentiments de haute estime et d'admiration avec lesquels elle ne cessera d'être, etc.

160. A L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

27 juin 1772.



Madame ma sœur,

Quoique j'aie senti pendant le voyage de Votre Altesse Royale un vide dans la correspondance qu'elle daigne entretenir avec moi, j'ai sacrifié de bon cœur la satisfaction et le plaisir que me causent, madame, vos lettres au contentement que doivent avoir causé à V. A. R. les belles choses qu'elle a vues en Italie. Ma vanité nationale est flattée de ce que l'Italie ait pu admirer chez elle une princesse allemande telle que l'Italie n'en produit plus; cette nation aimable, qui nous traite d'ultramontains barbares, aura été obligée d'avouer, malgré son amour-propre, qu'elle n'a rien connu qui approchât de la divine Antonia. On vous aurait, madame, érigé des autels à Rome, du temps des Cicéron, des Trajan, des Antonin; ce n'est que la religion établie qui a pu empêcher le bon Ganganelli d'en faire autant. Il vous a régalée d'oratorios et de rafraîchissements, peut-être de reliques, d'Agnus Dei et d'absolutions. Pour les dernières, V. A. R. peut s'en passer; son jésuite et moi, nous sommes très-persuadés qu'elle n'en a que faire.

Au reste, madame, elle conviendra que je ne lui en ai point imposé en l'assurant que, avant son retour, elle entendrait parler des préliminaires de la paix. Il est bien vrai qu'un sultan turc, quand il est bien battu par mer et par terre, est plus traitable que des ministres qui expulsent les jésuites du royaume de leur maître. Les armes du bon Ganganelli se sont rouillées dans son arsenal, et ses foudres impuissants ne blessent plus personne; on a fabriqué de fausses clefs avec lesquelles les politiques croient