<267>puisqu'il n'appartient qu'à un seul héros de répandre au loin son influence aux quatre coins de la terre. Puisse-t-il, ce héros, être toujours aussi heureux qu'il est grand! Je vais, en bonne bergère d'Arcadie, faire retentir de ses louanges le pied des montagnes du Tyrol; mais ces louanges ne retentiront jamais dans l'univers comme elles sont dans mon cœur, et je le disputerai toujours au monde entier pour la haute estime et pour l'admiration infinie avec laquelle j'ai l'honneur d'être, etc.
180. A L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.
(Potsdam) 9 avril 1774.
Madame ma sœur,
Je me trouve trop heureux lorsqu'il se présente des occasions de donner à V. A. R. des preuves de mon dévouement; plus heureux encore, madame, si ces occasions de vous offrir mes services étaient plus fréquentes, je les saisirai toujours avec le plus grand empressement. Ma goutte ne mérite pas, madame, l'honneur que vous lui faites; ces infirmités sont les suites de l'âge; le corps se détruit imperceptiblement, et je suis comme ces gens prêts à entreprendre un grand voyage, qui envoient leur gros bagage en avant;a le reste suit comme il peut. Pour le voyage que V. A. É. est sur le point de faire à Munich, je l'en félicite de tout mon cœur, connaissant l'attachement qu'elle a pour sa famille et pour sa patrie. Le plaisir de revoir une fille à l'éducation de laquelle vous vous êtes complu, madame, ajoutera encore aux agréments de ce voyage, où vous ne verrez que des objets riants et dignes de vous plaire.
Nous sommes ici dans le deuil; nous venons de perdre la landgrave de Darmstadt,b cette princesse si respectable, et qui était
a Voyez t. XXIII, p. 407.
b Voyez t. XX, p. XII, no IX, et p. 205 et 206; voyez de plus ci-dessus, p. 189 et 192.