<268>bien attachée à V. A. R. Madame la duchesse de Deux-Ponts était venue visiter sa fille; un coup d'apoplexie l'a emportée. La Landgrave n'a pu résister à une scène aussi touchante; son cœur tendre et sensible, frappé trop vivement, ne lui a permis de survivre à madame sa mère que de quatre jours. Cette princesse est regrettée généralement; je perds en elle une fidèle amie, dont le souvenir ne s'effacera jamais de ma mémoire.

Mais, madame, je ne devrais pas entretenir V. A. R. de sujets aussi lugubres. Les Romains ne voulaient pas que, dans leurs jours de fêtes et de cérémonies religieuses, il échappât à quelqu'un des paroles de mauvais augure; à plus forte raison aurais-je dû supprimer tout ce qui pouvait avoir rapport à de pareilles matières, et me borner d'assurer V. A. R. de la haute estime et de l'admiration avec laquelle je suis, etc.

181. DE L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Munich, 17 juillet 1774.



Sire,

Votre Majesté dira que je suis comme toutes les femmes. Des courses, des fêtes, des parties de plaisir leur font tout oublier; le malheur seul les ramène à leurs devoirs. Ce n'est pas mon cas néanmoins; j'ai assez vécu pour savoir tout apprécier, et mes devoirs envers ce mortel sublime qui veut bien descendre jusqu'à moi ne sont pas de nature à jamais s'effacer de mon souvenir. Mais si je m'étais livrée avec trop d'empressement au charme de revoir mes anciens amis et ma patrie; si ce sentiment ne m'avait pas laissé assez de calme pour suivre cette correspondance admirable, pour laquelle je ne prends jamais la plume qu'en tremblant, parce que je crains toujours de ne pas la mériter; si j'ai tort en effet, V. M. est assez vengée : je suis sur mon grabat de-