<294>point qu'elle ne triomphe à la fin en Allemagne comme en France, où l'on tâche déjà de l'imiter.

Je finis une lettre qui n'est déjà que trop longue, par les vœux que je ne cesse de faire pour la conservation de votre précieuse santé, et par l'hommage de l'admiration sans bornes et de la haute estime avec laquelle je suis, etc.

200. A L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

(Potsdam) 5 mars 1777.



Madame ma sœur,

Je remercie Votre Altesse Royale du regard plein de bonté et d'indulgence qu'elle daigne jeter sur les Obotrites; j'ose croire toutefois que si jamais quelqu'un eût dit aux Épaminondas, aux Aristide, aux Eschyle qu'ils pourraient être comparés aux barbares habitants des bords de la Baltique, ils auraient eu de la peine à se le persuader; mais ils seraient certainement affligés en voyant à quel point leur postérité est dégradée. J'ose me ranger entièrement au sentiment de V. A. R., qui dit très-bien que l'espèce humaine ne dégénère pas. Les hommes seront les mêmes en tous les siècles; les avantages du climat mettent plus d'intelligence et de finesse dans le caractère des uns, et ceux qui sont nés sous un ciel plus rigoureux ont, pour l'ordinaire, l'esprit lourd et moins flexible que les premiers. Les connaissances qui se doivent à la culture de l'esprit et aux avantages de la société perfectionnée ont enfin pénétré dans ces anciennes régions barbares, en y transmettant les lumières des Grecs et des Romains. L'établissement de l'imprimerie, qui a facilité l'étude des sciences en les mettant à portée de se répandre généralement, et l'établissement des postes, par lesquelles il s'entretient continuellement un commerce d'idées entre toutes les nations européennes, a donné des avantages aux siècles modernes, dont ne pouvaient