<448>cela vaudrait, à tout prendre, mieux que les injures qu'ils se disent. Depuis un an, je n'ai rien reçu de Voltaire.

Pour le cher Isaac,a il s'est mis à la moutarde de Dijon, qui vaut peut-être autant que les eaux d'Aix; je ne sais quand il arrivera chez lui, ni quand il reviendra; peut-être se fera-t-il historiographe du satellite de Saturne, pour nous en donner l'itinéraire et les aventures.

Écrivez-moi quand l'envie vous en prendra; toutefois ne trouvez pas étrange que les réponses ne vous arrivent pas promptement. Ces maudits alliés de votre vice-Dieu nous donnent de l'occupation; quand la maison de notre voisin brûle, notre premier soin doit être de préserver la nôtre de l'incendie qui la menace, etc.

55. DE D'ALEMBERT.

Paris, 10 avril 1769.



Sire,

J'ai cru voir, par la dernière lettre que Votre Majesté m'a fait l'honneur de m'écrire, qu'elle était en ce moment plus accablée d'affaires que jamais, et qu'il lui restait bien peu de temps pour recevoir des lettres inutiles. Cette raison, Sire, jointe à mon peu de santé, a fait que depuis assez longtemps je n'ai osé l'importuner des miennes, d'autant que ce qui m'intéresse le plus quand j'ai l'honneur de lui écrire est de savoir des nouvelles de sa santé, et que son ministre, M. le baron de Goltz, m'a assuré qu'elle était très-bonne. Puisse-t-elle se maintenir en cet état pour le bonheur de ses sujets, et pour ma consolation dans l'affaiblissement de la mienne!

J'ai été fort touché de l'accident arrivé à madame la princesse de Nassau,a tant pour elle-même que par l'intérêt que V. M.


a Le marquis d'Argens. Voyez t. XIX, p. 443.

a Elle était accouchée, le 23 mars 1769, d'un prince qui mourut le même jour.