<469>a soutenu sept années de guerre. Je vous remercie de la part que vous y prenez; et si c'était dans les temps de Catherine de Médicis, je vous prierais de faire l'horoscope de l'embryon qui dans six mois pourra venir au monde;b mais je vous en dispense. Pour moi, au lieu de faire des enfants, je fais de mauvais mémoires pour l'Académie, dont vous verrez ici un échantillon.c Je crois que vous serez assez de mon opinion pour le principe; je suis mes idées, que je crois calculées pour le bien de l'humanité, et, pour persuader nos prêtres de les adopter, j'ai été obligé de les ménager. Pourvu que le bien se fasse, qu'importent les moyens qui peuvent l'acheminer? Je suis grand partisan de la morale, parce que je connais beaucoup les hommes, et que je m'aperçois du bien qu'elle peut produire. Pour un algébriste, qui vit dans son cabinet, il ne voit que des nombres, des proportions; mais cela ne fait pas aller le monde moral, et de bonnes mœurs valent mieux pour la société que tous les calculs de Newton. J'espère que vous me direz franchement votre sentiment sur mon mémoire, bien assuré de mon estime, et que je prie Dieu de vous avoir en sa sainte et digne garde.
67. AU MÊME.
Le 8 janvier 1770.
Vous savez que nous autres poëtes, nous sommes accusés d'aimer un peu trop la flatterie et l'hyperbole; cependant le Prologue fait pour l'électrice de Saxe n'en est pas susceptible, parce que cette princesse est douée des plus rares qualités, et possède des talents qui suffiraient à la réputation d'une particulière. Cependant, comme le public est plus malin qu'admirateur, il fallait le
b Frédéric-Guillaume III, roi de Prusse. Voyez, t. VI, p. 25; t. XX, p. 197; et ci-dessus, p. 221 et 222.
c Essai sur l'amour-propre envisagé comme principe de morale. Voyez t. XXIII, p. 166 et 169, et ci-dessus, p. 210.