<564>dissimule pas que je trouve bien fade à la famille d'un petit avocat de se formaliser sur une généalogie mal faite; au contraire, votre avocat ou ses parents devraient se réjouir de ce que Loyseau de Mauléon se trouve dans le cas de grands hommes dont on a donné également une généalogie peu exacte. Si cependant il s'agit de contenter cette famille éplorée, nous trouverons ici, en Allemagne, des érudits qui feront descendre défunt l'avocat en droite ligne des anciens rois de Léon et de Castille, et j'ose assurer que le Courrier du Bas-Rhin insérera cette belle découverte dans ses feuilles. Voilà tout ce que je puis opérer pour la conciliation de ces deux illustres parties; j'en tirerai vanité, et je mettrai dans mes mémoires que, ayant contribué à pacifier les troubles de la Pologne et de la Turquie, j'avais été encore assez favorisé de la fortune pour réussir à rétablir la paix entre les Mauléon et le Courrier du Bas-Rhin. Tenez, mon cher Anaxagoras, après ceci j'espère que votre philosophie sera contente de la mienne. Je travaille, autant qu'il est en moi, à concilier les esprits; je propose des expédients, et j'espère que la famille de Mauléon ne sera pas plus intraitable que le Grand Seigneur et son divan. Muni de mes pleins pouvoirs, vous pouvez signer cet acte important pour le bien de l'Europe, et rendre par là au Courrier du Bas-Rhin la tranquillité et la liberté d'esprit qu'il lui faut pour débiter ses balivernes.
Il ne me reste, après avoir parlé d'aussi grands intérêts, qu'à faire des vœux pour votre conservation, à vous faire souvenir du petit troupeau de philosophes établi aux bords de la Baltique, et à vous assurer de mon estime; sur quoi je prie Dieu, etc.
112. DE D'ALEMBERT.
Paris, 16 mai 1772.
Sire,
Permettez-moi de commencer cette lettre par le compliment que je crois devoir à V. M. sur les succès d'un savant que ses bontés