<572>qui dérouille les ressorts engourdis de l'entendement des hommes, et qui leur apprend à examiner, à combiner, à se défier d'eux-mêmes, et à ne croire que des faits constatés par l'expérience. J'adresse ensuite une petite prière au génie heureux de la France, et je lui dis : O génie! si tu protéges l'empire gaulois, veille sur les jours d'Anaxagoras; c'est le seul grand homme qui lui reste; ne permets pas que la mort, de sa faux tranchante, le moissonne au milieu de sa course; raffermis sa santé, et qu'il voie autour de lui s'élever des rejetons de sa science capables de le remplacer un jour! Sur ce, etc.
116. DE D'ALEMBERT.
Paris, 14 août 1772.
Sire,
Je n'ai rien négligé pour répondre à la confiance dont Votre Majesté a bien voulu m'honorer en me chargeant de choisir un professeur de rhétorique et de logique pour son Académie des gentils-hommes. Après les informations et les perquisitions les plus exactes, je crois y avoir réussi, et j'ai l'honneur d'envoyer ce professeur à V. M. Je crois pouvoir lui répondre de sa capacité, de son caractère et de sa conduite. J'écris sur ce sujet plus en détail à M. de Catt, qui en instruira V. M.
Ce n'est point, Sire, comme philosophe encyclopédiste que j'ai pris la liberté d'envoyer à V. M. l'Essai de tactique de M. Guibert; c'est comme admirateur, avec toute l'Europe, des grands et rares talents militaires de V. M. que j'ai cru devoir lui faire connaître un ouvrage où l'on rend à ses sublimes talents les hommages qu'ils méritent, un ouvrage dont V. M. est le meilleur juge que l'auteur puisse désirer, et celui dont le suffrage peut être le plus honorable et le plus flatteur pour lui. Ce suffrage, Sire, pourrait, en cas de besoin, être mis dans la balance contre celui de tout le reste de l'Europe, comme Lucain y a mis le suffrage