<624>encore par sa modestie et par la douceur de son caractère que par son savoir et son génie.
Je m'aperçois, toujours trop tard, que j'abuse du temps précieux de V. M., et je finis en lui renouvelant les très-humbles assurances de la vénération profonde et de l'attachement inviolable avec lequel je suis, etc.
139. A D'ALEMBERT.
Le 15 mai 1774.
Tant de fiel entre-t-il dans le cœur d'un vrai sage?a diraient les pauvres jésuites, s'ils apprenaient comme dans votre lettre vous vous exprimez sur leur sujet. Je ne les ai point protégés tant qu'ils ont été puissants; dans leur malheur, je ne vois en eux que des gens de lettres qu'on aurait bien de la peine à remplacer pour l'éducation de la jeunesse. C'est cet objet précieux qui me les rend nécessaires, parce que de tout le clergé catholique du pays, il n'y a qu'eux qui s'appliquent aux lettres; aussi n'aura pas de moi un jésuite qui voudra, étant très-intéressé à les conserver.
Depuis que je vous ai écrit, un grand phénomène encyclopédique, en décrivant une ellipse, a frisé les bords de notre horizon; les rayons de sa lumière ne sont pas parvenus jusqu'à nous. Les astronomes de Stettin l'ont observé, et ont calculé sa marche, qui se dirigeait sur Hambourg; les observateurs de la Haye l'ont depuis vu sur leur horizon, d'où son influence bénigne s'est répandue sur les libraires hollandais. Pompée fut assez heureux pour voir et pour entendre Posidonius, quoique le philosophe eût la goutte;b pour moi, je n'ai vu ni entendu le grand Diderot, quoiqu'il fût plein de santé; mais il n'est pas donné à tout le monde d'aller à Athènes,c et la fatalité encyclopédique, qui
a Voyez t. XIV, p. 340 et 398.
b Voyez t. XIX, p. 108 et 109; t. XXIII, p. 177; et ci-dessus, p. 97.
c Voyez ci-dessus, p. 92 et 333.