<625>décide du destin des hommes, ne m'a pas favorisé, apparemment parce que je protége les jésuites. Votre brave Crillon, après avoir crillonné en Russie, en Finlande, en Laponie, en Suède, en Danemark, vient d'arriver à Berlin. Je m'imagine qu'il faudra l'échauffer pour refondre tout l'air congelé qu'il a respiré en chemin; il voyage en compagnie d'un prince de Salm qui est fort aimable, et qui a remporté l'approbation de toutes les cours où il s'est produit. Votre Crillon peut avoir des qualités occultes admirables, mais on le trouve un peu ennuyeux, et il n'y a que les bâilleurs qui s'amusent avec lui. Ce n'est pas moi qui parle; pour avoir vu un homme une fois, on ne décide pas de lui; mais c'est le public qui juge ainsi, et je ne suis que son écho. J'attendrai intrépidement M. Guibert et sa tragédie, tant que le ciel me donnera vie, disposé à applaudir à l'un et à l'autre autant que les élans d'admiration peuvent s'exhaler d'une âme tudesque. Vous le savez, le père Bouhours l'a dit,a que nous avons la forme furieusement enfoncée dans la matière; il faut des secousses fortes pour mettre nos fibres grossières en vibration, et encore, quand nous avons cette perception, elle n'est pas de la vingtième partie aussi forte que
a Voyez t. XIV, p. 256, et t. XXIII, p. 216.