<627>de force contre la barbarie avec laquelle les individus de cette espèce ont été traités en France. Mais je voudrais que, en rendant les particuliers aussi heureux qu'ils peuvent l'être sans se mêler de rien, on ne fournît jamais au corps les moyens de renaître, surtout dans les pays où il ne peut être que dangereux, et où il n'a jamais été autre chose. Si tous les princes étaient des Frédérics, je verrais l'Europe pavée de jésuites sans les craindre ou sans m'en soucier; mais les Frédérics passent, et les jésuites restent.
Je suis fâché que le phénomène encyclopédique dont V. M. me fait l'honneur de me parler n'ait fait que raser l'horizon de Berlin. Je suis persuadé que V. M., en l'observant de plus près, l'aurait trouvé digne de quelque attention. Je l'avais fort exhorté et fort invité à se laisser voir du plus grand astronome de notre siècle; je l'avais assuré que les lunettes de cet astronome étaient très-bénévoles, quoique très-exactes. Il a eu peur de l'astronome, et j'en suis fâché, car je suis bien sûr que l'astronome n'aurait pas été mécontent de son observation, et qu'il m'aurait fait l'honneur de m'écrire : J'ai trouvé vrai tout ce que vous m'avez dit du phénomène encyclopédique.
Le jeune Crillon n'est pas un aussi grand phénomène; mais j'ose assurer V. M. qu'il n'en a pas moins son prix, et je désirerais fort aussi que V. M. eût pu le juger par elle-même. Si les Russes l'ont trouvé ennuyeux, tant pis pour eux d'être Russes. Je voudrais pouvoir faire part à V. M. d'une lettre qu'il m'a écrite, et dans laquelle il me fait le détail de tout ce qu'il a admiré dans vos États. Je ne répondrais pourtant pas que les Russes fussent contents de cette lettre; car assurément il ne pense et ne parle pas d'eux comme de V. M.
Quant à M. de Guibert, V. M. n'entendra pas cette année sa tragédie; il me paraît, par le ton sur lequel elle me fait l'honneur de m'en parler, qu'elle attend avec patience l'ouvrage et l'auteur. Elle ne m'a pas paru mécontente du dernier, du moins quant à sa personne, et je crois, Sire, que V. M. penserait de même de la pièce. Je vois avec une sorte de douleur que V. M. est depuis quelque temps peu favorable à la nation française; je conviens qu'elle le mérite à beaucoup d'égards, et personne ne