<74>cieux; mais je ne dois pas en abuser. L'inutilité de mes lettres m'oblige souvent, malgré moi, à les différer; et voilà déjà un exemple de ces entraves dont vous dites, Sire, que notre liberté est souvent embarrassée. Si mes lettres pouvaient amuser V. M., je ne les jugerais pas inutiles; mais il est difficile d'amuser ceux qui ont l'esprit supérieur. Si je pouvais encore, sans dissertations théologiques, métaphysiques, ni même politiques, vous persuader, Sire, de faire de votre liberté l'usage que je voudrais bien, je vous écrirais tous les jours, et je vous dirais bien des belles choses. Mais, Sire, je vous demanderais mieux que des louanges. Celles que donne V. M. sont assurément très-glorieuses; mais, si je l'en remerciais, elle me croirait peut-être assez vaine pour me flatter de les mériter. Je ne veux pas, Sire, que vous ayez de moi cette opinion; croyez-moi seulement sincère, et je ne douterai point alors de vos bontés. Je suis charmée que le prince héréditaire de Brunswic ait été content de moi. Il a vu du moins que je sais me réconcilier franchement et sans rancune avec le mérite. Ne doutez point, Sire, après cela, que je ne vous rende justice, et que je ne sois avec des sentiments pleins de sincérité et de haute considération, etc.
32. A L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.
Potsdam, 24 novembre 1764.
Madame ma sœur,
Je n'écris à Votre Altesse Royale que ce que je dis à tout le monde sur son sujet. Ces sentiments sont fondés sur la vérité et sur ma persuasion. Mais je ne m'étendrai pas sur ce sujet, pour ne point blesser, madame, votre extrême modestie; je me réduirai à ce que disait le perroquet de l'empereur Auguste : « Je ne dis rien, mais je n'en pense pas moins. » Voilà, madame, le silence que je garderai vis-à-vis de vous, en faisant des vœux