<75>pour votre conservation et pour tout ce qui peut vous rendre la vie douce et agréable, en vous assurant de la haute considération et de la parfaite estime avec laquelle je suis, etc.
33. A LA MÊME.
Berlin, 23 décembre 1764.
Madame ma sœur,
Votre Altesse Royale ne doit pas douter de la réception de M. de Stutterheima sous les plus favorables auspices, surtout, madame, puisqu'il m'a apporté une lettre si obligeante de votre part.b Je suis charmé de ce que V. A. R. veut bien être persuadée de la sincérité de mes sentiments. J'ose vous dire que votre haute naissance, le rang que vous occupez dans le monde, et les égards qu'on doit à une grande princesse, n'auraient extorqué de moi que des compliments froids, et de ces formules banales de civilité qu'on prodigue par coutume, et qu'on reçoit comme de la monnaie décriée, mais que l'usage maintient dans le commerce, si ce n'était, madame, que votre personne (et je n'ose presque pas dire votre mérite, parce que vous vous en offensez) me mettent naturellement dans la bouche l'expression des sentiments dont j'ai la conviction dans le cœur. Je n'en dirai pas davantage, je m'arrête en si beau chemin; mais, madame, malgré tout ce que vous pouvez sur moi, V. A. R. ne pourra jamais m'obliger à garder la même retenue envers ceux à qui j'ai occasion de parler sur son sujet. Je suis peu courtisan, peu propre à déguiser la conscience de mes pensées; et pourquoi se contraindre quand on a de bonnes choses à dire? Le monde, madame, est si pervers, qu'on ne saurait assez donner de louanges aux personnes vertueuses, pour aiguillonner au moins celles qui
a Henri-Gottlieb de Stutterheim, envoyé de Saxe à la cour de Berlin jusqu'en 1777.
b Cette lettre est perdue.