<82>à Vienne l'ambassade du comte Königsfeld; tous les ambassadeurs se sont absentés, et ont mené un train étonnant, et cela, parce que l'usage veut que les électeurs envoient des ambassadeurs aux diètes, et que, hors de là, cela n'a pas été usité jusqu'à présent.
Votre Excellence conclura donc de ce que j'ai l'honneur de lui dire que, quoique chacun soit maître chez soi, il est difficile d'introduire de nouveaux usages avec lesquels les autres princes doivent concourir, sans s'être arrangé avec eux, et que le plus sûr est de laisser les choses telles qu'elles étaient; car, après tout, que vous en reviendrait-il si M. de Rex,a avec ses larges épaules et sa grosse perruque noire, suivi de M. de Loss,a dont la femme autrefois était jolie, entre dans la chambre avec un air de dignité, de grandeur, de dédain, etc., etc.? Je ne vois pas que cela vous fasse grand bien, tandis qu'un représentant du roi d'Espagne, du roi de France, du roi d'Angleterre, attendent dans une antichambre, et ne peuvent attribuer de pareilles démarches qu'au profond mépris qu'on a pour leur maître.
Voilà, monsieur le comte de Wackerbarth, ce que j'avais à vous dire; maintenant vous pouvez retourner en paix dans les champs Élysées ou au Tartare, selon que votre place vous aura été assignée.
V. A. R. me pardonnera si j'ai évoqué des ombres en sa présence, et si j'ai fait un coq-à-l'âne en m'entretenant avec les morts. Mais comme il m'était impossible, madame, de vous adresser la parole, j'ai été trop heureux d'endosser mes arguments sur le dos de quelqu'un qui peut les ensevelir avec lui dans un profond oubli.
J'ai l'honneur d'être avec la plus haute estime, etc.
a Charles-Auguste comte de Rex, né en 1701, mort en 1768, et Chrétien comte de Loss (vom Loss), né en 1697, mort en 1770, étaient l'un et l'autre ministres d'État en Saxe.