<90>grande étendue, et il joint à une figure avantageuse beaucoup plus d'action que les Italiens n'ont coutume d'en avoir. Voilà, madame, ce que j'ai pu recueillir de plus intéressant. D'ailleurs, les noces se sont faites comme je crois qu'elles se font partout, et sans qu'événement singulier ait distingué celle-ci des autres, à moins que je ne vous entretienne de l'apparition d'une dame anglaise, nommée madame Chudleigh,a qui, après avoir vidé une couple de bouteilles, a dansé en chancelant, et a été sur le point de tomber sur le parquet. Cette aventure a beaucoup amusé le public, peu accoutumé à voir des dames voyager seules, et encore moins préférer les fumées du vin aux grâces et à la belle humeur qui leur sied si bien, et qui fait leur plus belle parure.
Je vous demande pardon, madame, de vous ennuyer par des récits si peu intéressants, et j'ose m'y attendre en faveur des sentiments de la haute estime, etc.
46. DE L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.
Pillnitz, 3 août 1765.
Sire,
Je me persuade aisément que tout le monde aura été content des fêtes ordonnées par V. M. L'approbation que vous donnez, Sire, à Concialini me flatte plus que vous ne l'auriez imaginé : non seulement j'ai entendu cet acteur avec plaisir, si c'est bien le même qui est au service de mon frère l'électeur de Bavière, je puis même le dire un peu mon disciple. J'ai vu aussi la chanteuse dont vous m'avez parlé l'hiver dernier. Je dis que je l'ai
a Élisabeth Chudleigh, duchesse de Kingston, née en 1720, morte en 1788. On peut voir, sur son séjour à Berlin, l'Histoire de la vie et des aventures de la duchesse de Kingston. Londres, 1789, p. 33 et 34. Voyez, de plus, notre t. XIII, p. 104, et An authentic detail of particulars relative to the late duchess of Kingston. London, 1788, p. 13 et 119.