<99>et la Saxe. Vous êtes si éclairé, Sire! Vous connaissez les saines maximes; je dois nécessairement penser que l'on aura fait à V. M. des rapports mal fondés, d'odieuses insinuations. Veuillez m'en croire, Sire, je connais un peu nos affaires, quoique je ne tienne pas le timon. Notre grand principe est la liberté du commerce et la réciprocité des avantages. Si V. M. veut adopter ce système, avec les restrictions que le besoin interne de chaque État peut rendre nécessaires, elle nous verra très-empressés à tout ce qui pourra contribuer au bien commun des deux États. Je serais bien glorieuse et bien satisfaite, si je pouvais acheminer les choses à cette heureuse fin, et si je voyais s'affermir entre les États de V. M. et la Saxe un voisinage fondé sur des sentiments analogues à ceux avec lesquels je serai toute ma vie, etc.
53. A L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.
24 novembre 1765.
Madame ma sœur,
Votre Altesse Royale a bien raison de dire que la guerre dernière a appauvri plusieurs pays; toutefois, comme c'est un mal qu'on ne peut lever facilement, je m'en console en considérant que la république de Sparte et la république romaine ne furent jamais plus fécondes en vertus que tandis qu'on y avait prohibé l'or et l'argent; et il est évident que l'introduction de ces métaux y amena le luxe, le goût d'une dépense excessive, et, pour y satisfaire, la corruption, l'intérêt et l'avidité du bien d'autrui. Toutefois, nos mœurs n'étant plus à comparer avec celles de ces temps reculés, il faut un peu relâcher la courroie en faveur de nos coutumes, et considérer qu'en notre Europe une nation entièrement appauvrie, et dépourvue de ces signes représentants de ses besoins, ne pourrait se soutenir. Cette nécessité oblige de rechercher ces métaux vils et méprisables par eux-mêmes, et