<XXIII>mètre, indigné contre le frivole plaisir de la poésie (t. XII, p. 250-254), et dans sa correspondance avec le marquis d'Argens (t. XIX, p. 335, 360 et 361), Frédéric montre quelque rancune de poëte contre le géomètre d'Alembert. Il aime en général à s'égayer un peu aux dépens des mathématiciens; il se moque de leur haute science, et appelle leurs travaux « un luxe de l'esprit » dans ses lettres à Voltaire, du 27 janvier 1775, et à d'Alembert, du 1er mai 1780. D'Alembert ne manque pas de répliquer respectueusement, dans sa lettre du 27 mai 1762, aux Réflexions sur les Réflexions des géomètres sur la poésie, et, dans sa lettre du 23 décembre 1762, à la Facétie qui lui avait été adressée. Enfin, il est bon de consulter aussi la lettre de d'Alembert, du 6 mars 1771, où, en citant le vers de Frédéric :
Dur comme un géomètre en ses opinions,il lui dit : « Je vois que Votre Majesté a toujours une dent secrète contre la géométrie. »
On sait que Frédéric avait l'habitude de donner des surnoms à ses amis et à ceux de ses convives qu'il admettait dans sa familiarité. Il appelait d'Alembert Athénagoras, Protagoras, Diagoras et Pythagoras, mais plus ordinairement Anaxagoras. Il ne cessa pas de rendre au caractère de cet écrivain l'hommage de la plus flatteuse estime. Il comptait toujours le revoir, et ce ne fut qu'avec regret qu'il renonça à cette espérance.
Berlin, 26 mars 1852.
J.-D.-E. Preuss, Historiographe de Brandebourg.