17. AU MÊME.

(Bains de Landeck, 1765.)

Je vous renvoie, mon cher, la réponse pour d'Alembert,21-b que Villaume21-c copiera. Je vous renvoie en même temps la lettre du <20>marquis italien, à laquelle il me semble qu'il n'est pas nécessaire de répondre. On m'a ordonné quatre-vingts heures de bains. Cela est fort pour un homme qui n'aime pas à perdre son temps dans l'eau. Mais enfin j'ai pris ma résolution, et j'ai déjà vingt-huit heures de ma cure d'absolvées. Mes jambes désenflent, et je me trouve assez bien. On me dit que dans trois jours je prendrai les hémorroïdes, la gale, ou la lèpre. J'attends tout cela de pied ferme, prêt à rire des prophètes aquatiques, si rien de tout cela ne m'arrive, et charmé, si je détrompe ce petit canton d'un préjugé. Ce sera toujours une crédulité superstitieuse de moins. Promenez-vous tranquillement à Sans-Souci. Je n'y serai que vers la mi-septembre. Est-ce donc que le diable a emporté le marquis en chair et en os? Car on n'entend pas plus parler de lui que s'il était enterré.

A propos, le duc de Parme vient de mourir. Belle excuse pour M. Du Bois pour ne me point envoyer le Corrége. Mes bains m'absorbent tout mon temps. Je m'étais attendu à étudier ici tout à mon aise; les eaux me dérangent tout mon plan. A peine puis-je lire quatre heures par jour. Adieu, mon cher; portez-vous bien, et ayez pitié de ceux que l'enchaînement fatal des choses a condamnés à passer quatre-vingts heures dans l'eau.

Je vous envoie le blanc signé.22-a


21-b Voyez la lettre de Frédéric à d'Alembert, du 20 août 1765.

21-c Voyez t. XIX, p. 301; t. XX, p. 67; et t. XXIII, p. 167.

22-a Ce blanc signé était pour une lettre à faire. (Note de la main de M. de Catt.)