<15>et avec attendrissement. Mais ce qui a dû lui paraître étrange, et ce qui ne le paraîtra pas à V. M., plus exercée à la connaissance des hommes et surtout des prêtres, c'est que pas un de ces évêques qu'on voit partout à Versailles, et dont les diocèses ont souffert de ces troubles, n'ait élevé la voix pour les faire cesser. L'archevêque de Paris a donné l'exemple de ce silence édifiant, lui à qui les mandements ne coûtent rien pour des choses bien moins nécessaires. Enfin V. M. croira-t-elle que le Roi a été obligé de faire lui-même la besogne de ces messieurs, et d'adresser aux curés une Instruction qui leur apprend ce qu'ils ont à faire, et ce que les évêques auraient dû leur dire? Il est vrai que cette Instruction est un chef-d'œuvre de sagesse et de bonté, et qu'assurément ni l'archevêque de Paris, ni le grand, ni le premier aumônier, ni tous les aumôniers de la cour, n'étaient capables de la faire. Tous ces grands zélateurs de la religion, qui déclament tant à la cour contre les philosophes, parce que les philosophes les connaissent et les jugent, s'étaient déjà bien impudemment et bien maladroitement démasqués dans la maladie du feu roi, qu'ils voulaient laisser mourir sans sacrements. Cette nouvelle aventure achève de les faire connaître, et c'est un bien pour la raison et la vertu, qu'ils persécutent.
Voilà, Sire, un long verbiage qui n'intéresse peut-être guère V. M.;