<169>actuelles, bien plus intéressante encore. On sait, on croit du moins que cette princesse aimait la paix, au moins sur la fin de ses jours, et que c'est à ce sentiment paisible, appuyé par les armes de V. M., que l'Europe a dû la paix de Teschen. On craint que ce sentiment, si louable et si désirable dans un prince, ne soit pas aujourd'hui celui de la cour de Vienne, et que l'Europe ne soit bientôt replongée dans une nouvelle guerre. Si ce malheur arrivait, il serait impossible que V. M. ne reprît pas les armes, et je crains que de nouvelles fatigues et de nouveaux travaux ne nuisent à sa précieuse conservation. Je ne suis point, Sire, inquiet pour votre gloire; mais je le suis infiniment pour votre repos et pour votre santé. Vous n'avez plus besoin de renommée; et que pourrait-elle ajouter à ce qu'elle dit de vous depuis quarante années? Mais vous avez besoin de mener une vie douce et tranquille, et de jouir encore longtemps de l'amour de vos peuples, de l'admiration de l'Europe, et de l'hommage de tous ceux qui pensent. L'humble et obscure philosophie n'a pas la témérité, Sire, d'entrer dans le conseil des princes et de sonder leurs secrets; mais il lui est permis de trembler pour la vie de ceux qu'elle aime et qu'elle révère. Je demande pardon à V. M. de cet épanchement de mon cœur, qui semblerait vouloir pénétrer les secrets, les mystères de la politique; mais je n'ai pu refuser cet épanchement à l'état de mon âme, et V. M. ne peut me savoir mauvais gré d'être aussi occupé d'elle que je le suis. L'Europe, Sire, a dans ce moment les yeux sur vous; elle vous regarde comme son dieu tutélaire; elle vous crie : Faites durer cette paix que vous m'avez si glorieusement rendue! La France partage ces sentiments; que deviendrait-elle, si à la guerre de mer où elle est engagée une guerre de terre se joignait encore?
Quelque peine, Sire, que j'aie à me taire sur ce sujet, je n'en ai que trop fatigué V. M. Je passerai donc à des choses moins importantes, mais aussi moins inquiétantes pour moi. Le buste de Voltaire, tel que V. M. le désirait, est terminé; l'artiste y a mis le plus grand soin. Il sera emballé cette semaine avec toutes les précautions possibles, et arrivera sain et sauf à V. M.
Vous tendez, Sire, un piége à mon amour-propre, mais dans lequel il ne donnera pas. Vous comparez la Préface de l'Ency-