<187>les parjures, et qu'il réduira exactement ces messieurs à l'observance du vœu de pauvreté qu'ils ont fait. Voyez-vous, ce sont là des biens que la guerre opère dans la chrétienté. Cette guerre coûte des sommes immenses; les princes empruntent; une nouvelle guerre, de nouvelles dettes; il faut les payer, les ressources manquent. Que faire? Il ne reste qu'à dépouiller le clergé de ses richesses, et la nécessité contraint les monarques à recourir à ce seul expédient qui leur reste. Si notre Calvin était témoin de ces événements, voici ce qu'il dirait : Admirez, mes frères, les voies impénétrables de la Providence; l'Être des êtres, qui abhorre l'horrible et sacrilége superstition dans laquelle l'Église se trouve plongée, ne se sert point de la voix des sages pour rendre la vérité triomphante; elle ne daigne point opérer des miracles pour étouffer l'erreur enracinée. De qui se sert-elle pour détruire les moines et pour faire disparaître de la face de la terre ces organes vils et impurs du fanatisme? Des rois, mes frères, c'est-à-dire, de l'espèce la plus ignorante qui rampe sur la surface de ce globe. Comment le grand Démiourgos amène-t-il ces ignorants à ses fins? Par l'intérêt, mes frères. Pour cette fois, intérêt infâme, tu seras du moins utile au inonde, en excitant les passions de ces demi-dieux du siècle à piller le bien des prêtres; tu les armes du glaive destructeur avec lequel ils détruisent cette engeance dont l'estomac sacrilége et les boyaux avides étaient sans cesse bourrés de chair et de sang. O altitudo!a etc. Au moins ce n'est pas moi, mais Jean Calvin qui dit tout cela; je vous le déclare, messieurs de la poste; au cas que votre noble curiosité vous porte à savoir ce que contient ma lettre, vous ne confondrez pas mon nom avec celui de Calvin. Je respecte trop le profond savoir de M. l'archevêque de Paris, et son faiseur de mandements, pour vouloir les scandaliser, et personne ne considère plus que moi la déraison inaltérable de ce concile perpétuel de la Sorbonne antique, dont les décisions sont infaillibles. Pour vous, mon cher Anaxagoras, je vous prie d'être persuadé de toute mon estime. Sur ce, etc.
a Épître de saint Paul aux Romains, chap. XI, v. 33.