<200>lettres qu'elle me fait l'honneur de m'écrire, je deviens presque gai moi-même, quoique en tout autre temps je n'en aie guère d'envie. Mais il suffit, Sire, à ma consolation que V. M. se porte bien, qu'elle jouisse encore longtemps de sa gloire, et qu'elle veuille bien me conserver ses bontés.
Un homme de lettres de ma connaissance, instruit, honnête, et sans fortune, désirerait, Sire, de s'attacher à V. M., soit dans son Académie, soit dans toute autre fonction. Il ne demanderait pas des appointements considérables, et pourrait être utile par la variété de ses connaissances. Cet homme de lettres, Sire, se nomme Dubois. Il eut l'honneur en 1778, étant à Berlin, de faire présenter à V. M. par l'imprimeur de la cour, Decker, un ouvrage estimable de sa composition, intitulé : Essai sur l'histoire littéraire de Pologne; et V. M. lui fit l'honneur de lui répondre avec bonté. Il a séjourné six ans à Varsovie, où il a occupé une chaire d'histoire et de droit public que sa santé l'a obligé de quitter. Il est instruit en littérature française, en antiquités militaires, en physique et en histoire naturelle; il sait l'allemand, l'italien et le polonais; il a envoyé à l'Académie de Berlin différentes observations insérées dans ses Mémoires; il l'ait actuellement imprimer à Paris la traduction d'un ouvrage de M. Achard sur les pierres précieuses; il est lié avec plusieurs membres de l'Académie; la mort de M. de Francheville, la retraite de M. Béguelin, pourraient faciliter son entrée dans cette compagnie, où il ne serait pas déplacé, à moins que V. M. n'aimât mieux l'employer ou dans son cabinet, ou dans sa chancellerie, ou comme secrétaire de légation. Je le crois également propre à tous ces objets par la variété des connaissances qu'il a acquises. Si les services de cet homme de lettres, Sire, peuvent convenir à V. M., il attend à ce sujet ses ordres et ses intentions.
Je suis avec la reconnaissance et la vénération la plus tendre, etc.