<385>nelle et respectueuse reconnaissance; mais je n'aurai pas l'avantage d'en profiter.
V. M. verra, par la lettre de M. de Vergennes dont j'ai l'honneur de lui envoyer une copie, qu'il avait déjà disposé de ce dépôt, ce qu'il a trouvé plus prudent de deviner que d'attendre les intentions de V. M. M. de Nicolaï, premier président de notre chambre des comptes, qui avait positivement promis de garder les lettres, qui ne les avait reçues qu'à cette condition, ne s'est pas cru obligé de remplir ses engagements.
Il doit m'être permis d'en être affligé. V. M. est la seule personne qui puisse ne pas sentir tout le prix de ses lettres; et l'intérêt que je prends à la gloire de M. d'Alembert peut-il me laisser voir avec indifférence la destruction du plus beau monument qui pût honorer sa mémoire? Mais les regrets, loin de diminuer les sentiments que la bonté, que la confiance de V. M. m'ont inspirés, ne peuvent que les augmenter.
Daignez, Sire, en agréer l'hommage, et me permettre de vouer pour toujours à V. M. quelque chose de plus que du respect et de l'admiration.
Oserai-je joindre mes vœux à ceux de l'Europe? Il est sans exemple qu'un roi, qu'un héros ait excité chez les nations étrangères un intérêt si vif, si général, si profondément senti; il a été unique comme le grand homme qui en était l'objet.
Je suis, etc.
M. DE VERGENNES AU MARQUIS DE CONDORCET.
Versailles, 3 mai 1786.
J'ai reçu, monsieur, la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire le 1er de ce mois, et la copie de celle du roi de Prusse que vous y avez jointe. C'est avec regret, monsieur, que je me trouve dans l'impossibilité de satisfaire à la réclamation que vous formez. Instruit par des personnes dignes de foi que le roi de Prusse désirait que la partie de sa correspondance recueillie à la mort de M. Watelet ne fût point rendue publique, instruit d'ailleurs que sa publicité ne pouvait rien ajouter à la gloire de ce monarque, vu la nature des matières qui y étaient traitées, il a paru que le moyen