<405>que je perds, c'est que si je l'avais achevée à présent, elle aurait passé pour une espèce d'impromptu, sous le voile duquel on aurait pu faire passer bien des fautes; mais à présent que ce sera un ouvrage travaillé, ce tissu de fautes fournira une ample matière à la critique, et je resterai à sec sans excuse.
Je ne vous ennuierai pas plus longtemps pour aujourd'hui, et il me semble que je dois me contenter d'avoir suffisamment abusé de votre patience. Tout ce verbiage était trop long et superflu, et pour regagner sur la fin ce que j'ai perdu dans l'exorde, je vous dirai en deux mots comme en cent que je suis avec une estime infinie, etc.
7. DU COMTE DE MANTEUFFEL.
Parey, 1er janvier 1736.
Monseigneur,
Que Votre Altesse Royale ne craigne rien. Je sais, par l'exemple des magistrats des villes prussiennes, qu'elle n'aime pas les félicitations. Quoi qu'en ordonnât un ancien usage, quelque tenté que je sois de m'y conformer, je renfermerai dans le fond de mon cœur tous les vœux ardents que je fais aujourd'hui, comme tous les jours de ma vie, pour la conservation de V. A. R. De peur qu'elle ne les prenne pour des compliments ordinaires, qui lui sont en aversion, ces lignes, en dépit de leur date, n'en contiendront aucun. Mais qu'elle ait la bonté d'agréer que, pour me dédommager de cette rétention, je lui fasse part d'une découverte que j'ai faite ce matin dans la bibliothèque de mes petits-fils. Le hasard m'ayant fait rencontrer un exemplaire fort ancien et ... du fameux Nostradamus,a je fus tout surpris d'y trouver, en le feuilletant, une prophétie un peu plus longue, à la vérité, que le reste de ses Centuries, mais qui me parut si intéressante et de si bon augure, que je ne pus m'empêcher d'en prendre la copie que voici :
a Voyez t. XVII, p. 142, et t. XXIV, p. 531.