<408>effet, je ne puis excuser ni l'une ni l'autre que par la bénignité avec laquelle V. A. R. a reçu jusqu'ici tout ce qui lui est venu de ma part. C'est cette insigne bénignité qui m'inspire tant de hardiesse, tout comme elle m'a inspiré assez d'amour-propre pour oser me flatter que V. A. R. rend quelque justice à la pureté de la profonde vénération avec laquelle je suis, etc.
8. AU COMTE DE MANTEUFFEL.
Berlin, 10 janvier 1736.
Monsieur,
J'ai demandé à quelques-uns de vos amis quand vous reviendriez ici. Ils m'ont tous répondu : Il arrivera infailliblement aujourd'hui; et ce qu'il y a de curieux, c'est que cet aujourd'hui dure depuis huit jours. C'est ce qui m'a empêché de répondre à votre obligeante lettre, et ce qui m'en empêcherait encore, si l'impatience ne m'avait pris. C'est à elle que vous devez la présente; qu'elle vous trouve chez votre fille, ou bien ici, je veux l'écrire, afin de satisfaire mon caprice, après avoir trop adhéré à la volonté des autres.
Je vous avoue, monsieur, que Nostradamus a merveilleusement d'esprit en votre bouche; et quoique sa prophétie, que vous avez placée si heureusement dans votre lettre, ne soit pas de celles où j'ajoute foi, il faut cependant avouer qu'il n'y a rien de plus ingénieux. C'est une manière nouvelle de souhaiter la nouvelle année par une prophétie; mais il faut avoir un génie supérieur pour savoir faire parler les gens trépassés dans le goût où ils ont été pendant leur vie. J'ai vu, il y a quelques semaines, une traduction d'Horace où il y avait des traits plus aigus, à ce que m'ont dit ceux qui entendent le latin, que ceux de l'original; voici une centurie sans contredit plus élégante, plus intelligible et plus polie que toutes celles que jamais Nostradamus ait faites. L'Essai sur la recherche de la république Babine était un ouvrage agréable et