<418>3o Les trois quarts des strophes sont prosaïques, remplies de chevilles inutiles, de pensées froides et triviales; tout le reste est du galimatias où je trouve à peine un sens.
4o Les expressions de nobles amants, de noble choix, et tant d'autres, vaudraient mieux, ce me semble, et seraient plus convenables à la description d'un bon mariage bourgeois qu'à l'hyménée de la fille d'un empereur romain.
5o Ce qui me semble mettre le comble à l'ignorance crasse de l'auteur de l'ode, ce sont les saintes déités du Parnasse. V. A. R. a-t-elle jamais lu ou entendu dire que les Muses, que les divinités païennes aient été appelées des déités, et qu'on leur ait appliqué l'épithète de saintes? Cette seule incongruité empoisonnerait toute la pièce, fût-elle d'ailleurs aussi bonne qu'elle me paraît détestable. Aussi finirai-je par là cette courte critique, pour venir à la dernière raison qui me remet aujourd'hui la plume à la main.
C'est le petit imprimé ci-joint, que je viens de recevoir de la poste. Il contient trois lettres, et surtout une de Voltaire, où je trouve autant d'esprit qu'il y en a peu dans l'ode susmentionnée. On prétend qu'elle est effectivement de Voltaire, à qui elle ne peut que faire honneur. Mais pour celle des comédiens, trop pleine de traits vifs et mordants, on la croit de la façon de quelque ennemi jaloux du sieur Lefranc.
Mais je n'y pense pas, c'est trop ennuyer V. A. R. par tant de balivernes, qui ne sauraient manquer de la faire bâiller. Qu'elle fasse grâce à mon impertinence en faveur de ses sources, qui sont l'envie de vous amuser, monseigneur, et celle de saisir jusqu'aux moindres occasions dont je me crois permis de profiter pour renouveler les humbles assurances de la dévotion sans égale avec laquelle je suis, etc.