<432>sitôt cette matière, si la vue du trop beau tableau par lequel V. A. R. finit sa lettre ne me forçait, pour ainsi dire, de tout quitter pour en reparler. Que ne puis-je ressembler entièrement à ce chrétien qu'elle a pris tant de peine de peindre! Heureusement pour moi, nous ne sommes plus au temps des métamorphoses. Si elles étaient encore à la mode, et que ce tableau fût changé par hasard en quelque fontaine, j'aurais sûrement le sort de Narcisse, non parce que je croirais reconnaître un autre moi-même sous la figure du chrétien dépeint, mais parce que je serais au désespoir de lui ressembler si imparfaitement.
Que si V. A. R. voulait absolument tracer un modèle d'un mortel vivant parfaitement vertueux, que ne m'en a-t-elle dit un mot? Je lui aurais épargné la peine de le chercher à huit lieues de chez elle.
En Quinze-Vingt affidé, je lui en aurais indiqué un à Ruppin même, et elle n'aurait eu besoin que d'un miroir fidèle pour le peindre. Vous me direz, monseigneur, je m'en aperçois, quoique un peu tard, qu'il appartient aussi peu à un Quinze-Vingt de raisonner de peintures qu'au cordonnier d'Apelles de raisonner d'autre chose que de pantoufles; et V. A. R. aura raison. Aussi n'en dirai-je plus mot, et, de peur de succomber encore à la tentation de surpasser mes bonnes ..., je finirai au plus vite par mon refrain ordinaire et favori, qui est que je suis et serai jusqu'à la fin de mes jours avec une dévotion sans pareille, etc.
14. AU COMTE DE MANTEUFFEL.
Ruppin, 20 mars 1736.
Mon cher Quinze-Vingt,
Je croyais hier ne vous devoir qu'une réponse; mais votre assiduité à me marquer votre attention ne se lassant pas, j'ai le plaisir de répondre à deux de vos lettres à la fois. Il ne me restait de la précédente que l'article de saint Paul, duquel je vous prie